En juin 2018, une cour d’appel de Paris a statué que les collectionneurs américains Bruce et Robbi Toll, basés à Philadelphie, devaient rendre une gouache Camille Pissarro de 1887 intitulée La Cueillette des Pois (« Picking Peas ») aux héritiers de Simon Bauer, le propriétaire d’origine juive française de l’œuvre, à qui le tableau a été saisi pendant la Seconde Guerre mondiale.
Aujourd’hui, trois ans après la décision initiale qui a rendu l’œuvre au domaine familial Bauer (qui comprend une vingtaine d’héritiers), ils vendent l’œuvre impressionniste, qui représente une scène idyllique de six récolteurs de pois, lors d’une vente aux enchères impressionniste et moderne chez Sotheby’s. à Paris le 25 mars. Les travaux devraient atteindre un prix de 1,2 million d’euros à 1,8 million d’euros (1,4 million à 2,1 millions de dollars).
Toll, un promoteur immobilier, a acheté la pièce pour 880 000 $ en 1995 chez Christie’s. Il a prêté La Cueillette des Pois (« Picking Peas ») au Musée Marmottan à Paris pour une exposition autour de l’artiste en 2017. La vitrine publique a conduit l’un des héritiers Bauer à intenter une action en justice pour la restitution de l’œuvre. Le tableau a été confisqué par le gouvernement français où il a été placé sous séquestre temporaire.
La décision a rencontré une résistance de la part des Tolls, qui ont fait appel de la décision de 2018, mais ont finalement perdu le litige en juillet 2020. La décision a été rendue conformément à une loi française de 1945 qui considère comme nulles toutes les transactions d’art pillées effectuées sous l’occupation allemande. Sur la décision, l’avocat de Toll, Ron Soffer, a annoncé que le collectionneur ferait appel de la décision devant la Cour européenne des droits de l’homme afin de poursuivre la France pour le montant de la valeur du tableau.
Avant que les péages n’acquièrent le tableau, il était entre les mains du marchand new-yorkais, David Findlay, qui l’a vendu chez Sotheby’s Londres en 1966. Malgré le registre de provenance, y compris l’entrée de Simon Bauer dans la vente de Christie en 1995 et l’inclusion de l’œuvre dans de multiples expositions muséales tout au long Dans les années 2000 à travers les États-Unis, les héritiers n’ont pas été en mesure de réclamer avec succès l’œuvre jusqu’à ce qu’elle refait surface en France, 87 ans après que Bauer l’a acquise pour la première fois.
La collection de 93 peintures de Bauer, dont 13 de Pissarro et d’autres de Sisley, Boudin, Degas et Morisot, ont été confisquées en 1943 par les responsables du régime de Vichy et vendues. Après que Bauer fut libéré du camp de Drancy en Seine-Saint-Denis en 1944, il tenta de récupérer les œuvres, mais mourut à peine 3 ans plus tard en 1947. Son petit-fils, Jean-Jacques Bauer, désormais nonagénaire, reprit la recherche du œuvres pillées, représenté par l’avocat Cedric Fischer.
Ce n’est qu’en 1998 que les lignes directrices de la Conférence de Washington ont été mises en place pour identifier et restituer les œuvres d’art pillées pendant la Seconde Guerre mondiale. Sotheby’s a fondé son département de restitution en 1997 et a depuis lors assuré la liaison dans le cadre d’importants accords de restitution entre les collectionneurs d’art et les héritiers des propriétaires d’origine. En février 2020, ils ont vendu trois œuvres impressionnistes rendues aux héritiers du collectionneur français Gaston Lévy, dont l’une incluait celle de Pissarro. Gelée blanche, jeune paysanne faisant du feu (1888), pour un montant collectif de 30,7 millions de dollars.
Inconnu au moment de la vente de Christie’s, mais découvert plus tard, le premier propriétaire de la gouache Pissarro est le frère de Vincent van Gogh, Théo van Gogh, qui la commande directement à l’artiste en 1887, offrant 300 francs pour la pièce. Dans ce qui sera sa quatrième fois aux enchères, l’œuvre sera proposée aux côtés d’un paysage van Gogh redécouvert de Montmartre, invisible depuis plus d’un siècle et qui devrait atteindre un prix de 6 millions de dollars.